15Bleu-de-Prusse15-

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TEXTE 4

Les larmes me brouillant la vue, j'eus une de ces pensées d'un passé regretté. Me piquant les yeux, je tentais de les refouler et chasser ce désagréable état. Mais n'y parvint pas. Être figée dans un unique sentiment pendant un temps qui me paraît infini, figée dans un camaïeu d'émotions mélancoliques... voici ce qu'est la dépression au bout d'une certaine période, quand la chronicité s'installe, quand on ne sait plus la différencier de nous-même. Elle fait partie de nous. Elle s'est incrustée dans mes tissus, la moindre parcelle de mon corps, je la ressens partout en moi. Telle une sangsue, elle s'est logée dans mon crâne et absorbe toute la joie que je n'ai pas réussi à protéger. Je ne peux plus lutter et elle ne cesse de gagner de l'emprise, me vidant de mes forces.
Être un poids; on s'accroche à ces personnes incarnant notre seule chance de salut, représentant notre seul moyen d'en sortir ou de survivre... La culpabilité et la honte prennent alors une ampleur devenant similaire à celle de ce parasite sournois.
La honte naît lors des premières semaines, lorsque la déprime s'est insidieusement installée, chaleureusement logée au creux du ventre. Les critiques et les remarques provoquées par cette tristesse, poussent à s'enfermer dans une bulle empoisonnée, à se cacher derrière un masque au sourire factice que l'on peine à esquisser, un miroir reflétant ce que les autres veulent y voir, un rire forcé sonnant des plus faux. La culpabilité, elle, nous est inspirée au bout de quelques mois, quand le plus dur à été surmonté, on a alors appris à supporter ce poids auquel on ne s'habituera jamais. A la période où l'on est plongé dans tout un panel de réflexions existentielles, on tente en vain de se convaincre d'aller bien, que l'on va bien devrais-je dire. Car notre moment d'égocentrisme passé, on se sent coupable de déprimer connaissant toutes les horreurs de ce monde, sachant l'infime in-importance de notre douleur. On ne pensait jusqu'à présent qu'à notre petite lassitude, et la réalité nous ramène à la triste vérité et on s'estime égoïste de souffrir pour une raison inconnue.



27/03/2013
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